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Un avis éclairé sur le film,par Marie-Claude Strigler,

Auteur de : Les indiens Osages, éditions du Rocher (2022)


Le magnifique film de Francis Fourcou s’ouvre sur des images d’espaces infinis, l’océan et le ciel immenses, des espaces qui semblent infranchissables. Pourtant, il s’agit d’un « Pont au-dessus de l’océan »… lien entre deux mondes : celui des Osages, avec son ambassadrice, l’autrice Chelsea Tayrien Hicks, celui des Occitans, avec la chanteuse et comédienne Isabelle François.

Les Osages étaient un puissant peuple de guerriers, qui se déplaçaient sur de vastes territoires à la suite d’un abondant gibier, innombrables bisons, mais aussi cerfs et élans. Le film nous révèle l’origine de l’amitié très spéciale entre les Osages et les Français, tout particulièrement les Occitans, une amitié de quasiment deux siècles, pratiquement oubliée en France et à qui le Montalbanais Jean-Claude Drouilhet a redonné vie. Sous son impulsion, Osages et Montalbanais traversent régulièrement « la Grande Eau » pour se rendre visite.

Le film passe des paysages occitans émaillés de leurs troupeaux de vaches Aubrac, aux prairies osages où paissent les bisons, de plus en plus nombreux, jusqu’aux images insoutenables de monceaux d’ossements et de crânes de bisons, résultats des massacres systématiques perpétrés par les colons blancs. Le cinéaste a su saisir la spiritualité de Chelsea, pour qui les statues-menhirs sont habitées par l’esprit des Anciens. D’ailleurs, on entend régulièrement le battement des tambours, pulsations du cœur, vibrations de la terre ? L’émotion est la même devant les bisons peints dans les grottes préhistoriques, pas différents des pétroglyphes d’Amérique.

Avec des siècles d’écart, les histoires ont des points communs : les déplacements, les persécutions, l’importance de l’oralité, pour les troubadours comme pour les conteurs osages, jusqu’à l’émouvant échange de poèmes entre Chelsea et Gérard, le troubadour : la langue, c’est l’identité d’un peuple. Dans les années 1920, la richesse soudaine que le pétrole a apportée, a, en même temps fait leur malheur, provoquant le « règne de la terreur », une série de meurtres d’Osages pour hériter de leurs revenus du pétrole. En l’espace d’un film, ce qui prime, c’est le respect mutuel, qui transparait dans la démarche même de Chelsea, dans la façon dont ses mocassins se posent sur la terre, comme dans le regard d’Isabelle lorsqu’elle écoute ses interlocuteurs osages. Un pont a bien été construit au-dessus de l’océan.

Marie-Claude Strigler, juillet 2023


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